mardi 4 février 2014

Les débuts de Molière : L'Illustre Théâtre

En 1642, il rencontre une jeune tragédienne rousse, Madeleine Béjart, qui fait l'orgueil de sa famille, composée de comédiens qui parcourent la Province. Tout en sachant que les comédiens, à cette époque, sont excommuniés par l'Eglise, Jean-Baptiste décide d'épouser la carrière théâtrale. Il signe en juin 1643 un acte d'association avec les Béjart (il est aidé financièrement par son père qui accepte la vocation de son fils), et fonde la troupe de l'Illustre Théâtre, qui regroupe 10 hommes et 5 femmes. Il prend comme nom de scène Molière dont on ignore l'origine.
La troupe veut concurrencer les deux théâtres prépondérants à Paris, l'Hôtel de Bourgogne et le Marais. Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII, devient leur protecteur. Madeleine demande à l'un de ses amis, Tristan l'Hermite, de participer à l'écriture des pièces. Or, rapidement les dettes affluent et Molière est même emprisonné deux fois au Châtelet. C'est son père qui le fera sortir en payant ce qui est dû.
 
peinture anonyme du XVII, farceurs français et italiens
Commence alors l'expérience de la Province pour Molière. 
La troupe doit en effet quitter Paris et tenter sa chance ailleurs. De 1645 à 1650, les comédiens sont dirigés par Du Fresne, ils se rendent à Agen Toulouse, Carcassonne, Nantes, ils ont pour protecteur le duc d'Epernon, gouverneur de Guyenne et mènent une vie prospère (« la magnificence de leurs habits » en témoigne). Puis le duc quitte la Guyenne et Molière remplace Du Fresne.
 
Il faut se trouver un autre protecteur : c'est le prince de Conti, frère du Grand Condé, laid et débauché, qui remplit cette fonction de 1650 à 1658. Il est le gouverneur du Languedoc, et sa troupe sillonne les routes conduisant à Montpellier, Narbonne, Béziers, Avignon, Grenoble, etc. A cette époque, Molière fait la connaissance de la comédienne et danseuse Thérèse de Gorle, fille peu farouche, qui en épousant Gros-René, un membre de la troupe, devient Marquise Du Parc. 
 
 Son rôle à la tête de l'Illustre Théâtre lui permet d'acquérir une expérience unique. En effet il n'est pas aisé de mener une troupe. Il faut savoir négocier les impôts, les locations des salles, les taxes prélevées par la ville, les contributions pour les pauvres, mais aussi lutter contre les troupes rivales, faire preuve d'habileté pour continuer à bénéficier des subventions du prince de Conti, faire fi de la malveillance du clergé, des dévots, qui dépeignent les acteurs comme des libertins immoraux et pernicieux.
 
Molière crée notamment l'Etourdi en 1654 à Lyon et le Dépit amoureux en 1656 à Béziers, et il s'inspire du jeu des compagnies italiennes, concurrentes, la Commedia dell'arte, à Lyon pour écrire la Jalousie du Barbouillé et le Médecin volant.Il fréquente tous les milieux : les grands seigneurs, les villageois, les marchands, les paysans et leur patois si pittoresque. Il joue devant un public bigarré et est bien obligé d'admettre que se sont ses comédies qui remportent le plus de succès. De fait, il se spécialise dans la farce et oublie, un peu, la tragédie.
 
Les affaires marchent à merveille, quand, un jour, en 1658,le Prince de Conti décide de se convertir. Il renie sa troupe préférée, son passé de débauché, et se fait dévot aux côtés d'Anne d'Autriche, à la Compagnie du Saint Sacrement, proche des jésuites. Il devient urgent pour les comédiens de retrouver un autre protecteur.

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